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    Avec quelques associés chercheurs, Pline, rédacteur en chef de la revue Historia naturalis, célèbre revue scientifique sur la santé au naturel, a répertorié un florilège de recettes dites « magiques », supposées guérir de nombreuses maladies, dont certaines incurables. Comment ? Avec toutes sortes d’animaux.

    Ces recettes regorgent de détails, plus sordides les uns que les autres. Mais ne vous y trompez pas : pour avoir passé un court (mais très désagréable) moment à tester ces décoctions, je peux vous affirmer que, même si leur complexité leur donne des airs de pharmacopée, ils ne sont ni efficaces, ni recommandables. Leur apparente précision, qui va de la couleur des animaux à la façon dont on doit effectuer les prélèvements, in vivo ou post mortem, n'est qu'un mirage : cela n’en fait, en aucun cas, des remèdes fiables. L'inventaire manque d'ailleurs, étonnamment, de références scientifiques. J’y vois donc plutôt un guide de torture sur les animaux (la SPA réclame une enquête) ou, tout au plus, un excellent vomitif…

    En voici quelques exemples, aussi farfelus que frauduleux.

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   Mais le chien et d’autres mammifères ne sont pas en reste dans ce fabuleux recueil.

Invertébrés, reptiles, oiseaux : tout peut servir​

   

 

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Pour la rate, les auteurs conseillent encore de « [suspendre] dans un pot, à l’entrée de la chambre à coucher, un lézard vert vivant » : j’ai connu des objets de décoration plus esthétiques. Les pommades à base de « cendre de tête de hibou », « de miel où sont mortes des abeilles » ou d’araignée-loup me laissent également sceptique...

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    Pour les dents, ils suggèrent de « mordre le cœur d’un serpent ou le porter en amulette », de mettre dans une dent cariée « du foie desséché de lézard » ou de la cendre de vers de terre, ou de mettre ces derniers « bouillis dans l’huile » dans l’oreille du côté où l’on souffre. Je crois que je préférerais continuer à souffrir. De plus, une tique « prise à l’oreille gauche d’un chien et attachée en amulette » supprime vos douleurs. Et si on apporte une « tique arrachée à l’oreille gauche d’un chien de couleur entièrement noire », à un malade, cela permettrait de prédire si celui-ci vivra ou pas selon qu’il vous répond ou pas. Grâce à la tique, vous voilà devenu devin !

 

​Une calamité pour les canidés

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Parmi d’autres recettes à base de canidés, que diriez-vous, pour vos problèmes de rate, de consommer « une rate de chien extirpée sur l’animal vivant » ou d’absorber à votre insu la rate d’un hérisson ou celle « d’un petit chien de deux jours dans du vinaigre » ? Je n’ose même pas m’imaginer en train de le faire ! Vous pouvez aussi vous appliquer une rate de chien ou de mouton sur cet organe, avant, pour le mouton, de la sceller dans « un mur de la chambre à coucher ». Arriveriez-vous à dormir dans cette chambre ensuite ? 

 

    Si vous vous êtes brûlé la langue, vous pouvez également essayer le lait de chienne. « Le fiel d’un chien noir mâle » dans une amulette dont on se sert pour des fumigations, protégerait la maison des maléfices, de même que « le sang de chien en aspersion sur les murs » ou « la verge de cet animal enfouie sous le seuil de la porte ». Si votre voisin vous surprend en train de le faire, vous allez avoir du mal à vous justifier, même si vous lui expliquez que la recette est magique …

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    Mais si vous n’aimez pas les chiens (ou plutôt si vous les aimez), pour les maux de dents, vous pouvez « manger un rat deux fois par mois » ou mettre de « la cendre de crottes de rat dans une dent cariée ». Pour l’haleine vous pouvez aussi vous « frotter les dents avec de la cendre de rat dans du miel ». Ceci-dit, j’éviterais, sachant que ces derniers animaux répandent la peste...

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   Et pour finir avec les mammifères, ce merveilleux ouvrage nous apprend que « les délirants retrouvent la raison quand on les asperge de sang de taupe » : peut-être, ou peut-être la perdent-ils définitivement...

   

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L'hyène sur le devant de la scène

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    Face aux nombreuses formes de maladies susceptibles d’affecter les yeux (agréma, granulation et excroissances, glaucome, …), l’hyène semble être LA panacée. Outre sa prétendue « connaissance des arts magiques », la bile ou « fiel » de l’hyène, préparée de différentes façons, permettrait de guérir une majorité de ces maladies. Par exemple, le fiel appliqué en onction et « bouillie dans trois cyathes de miel attique avec une once de safran » pourrait soigner les obscurcissements de la vue et la cataracte. Si celui-ci est « vieilli et conservé dans une boîte de cuivre », ses capacités curatives seraient amplifiées.

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    Mais l’hyène aurait de nombreuses autres propriétés. Utilisez une dent en pendentif pour éviter les « terreurs nocturnes » ou encore en pendentif « avec de la graisse des rognons ou avec du foie ou de la peau » pour guérir les délirants. Déguster ses « organes sexuels [pris] dans du miel » serait aphrodisiaque. Pour une femme enceinte, confectionner un « magnifique pendentif » fait de « chair blanche de poitrine », « sept poils » de cet animal et « un pénis de cerf », le tout entouré d’une « peau d’antilope » éviterait les fausses couches (ou lui en provoquerait selon sa sensibilité). Enfin, si vous voulez assurer l’harmonie de votre maison gardez précieusement les organes sexuels et une « vertèbre conservée avec la peau qui y adhère ».

 

    On a beau croire à la magie, utiliser l’hyène pour ses « propriétés […] étonnantes » et magiques nécessite d’avoir le cœur bien accroché. D’autant que ces recettes risquent de dégager un parfum bien désagréable au bout de quelques jours...

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    De nombreux « petits animaux » occupent une place de choix (ou deviennent des morceaux de choix ?) dans cet ouvrage : reptiles, oiseaux, insectes et araignées, vers de terre, …

Imaginez-vous, pour ne plus être tourmenté par « les divinités nocturnes et les Faunes », vous frictionner « matin et soir avec la langue, les yeux, le fiel et les entrailles du serpent dragon, bouillis dans du vin et de l’huile, puis refroidis en plein air, pendant la nuit ». N’oubliez pas de prendre une douche après…

Pour les maux de dents notamment, les auteurs proposent de « la cendre de têtes de chiens morts de la rage et qu’on a brûlées sans leurs chairs » instillée avec du henné dans l’oreille « du côté de la douleur », ou « un bain de bouche avec des dents de chien bouillies dans du vin » ou encore de scarifier les gencives avec « la plus longue dent gauche d’un chien ». Enfin « la cendre de ces dents, avec du miel » ferait pousser les dents des enfants. Je préfère attendre un peu plus longtemps qu’elles poussent...

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Cet ouvrage propose une telle multitude de « remèdes » à base d’animaux qu’il faut craindre pour la biodiversité. L’efficacité de ces pratiques reste encore à prouver scientifiquement et ces articles ne sont pas à laisser entre toutes les mains. N’oubliez pas que la consommation d’animaux exotiques (#chauve-souris, #pangolin) peut nuire gravement à la santé (#Covid-19).

Crédits imgs Antoine Adonaï

Article signé : Caïus coronavirus 


Publié le 16/07/2021 © Esprits Auth'Antiques

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