top of page

Une égérie

Égérie, la femme qui murmurait à l’oreille du roi

Egérie, on est tous capable d’en donner des exemples tant l’usage de ce mot est fréquent dans les médias et dans la publicité. Mais savez-vous quelle part de mystère entoure l’origine de ce mot ?

Capture d’écran 2020-07-16 à 22.10.19.

Keira Knightley, égérie du parfum Coco Mademoiselle de Chanel, 2007

(Source : Pixabay)

Egérie : une antonomase née d’une nymphe

 

Avec Hercule, Titan, Mégère ou Méduse, Égérie fait partie de la galerie des antonomases (voir encadré) issues de la mythologie gréco-romaine. Le dictionnaire de l’Académie française donne une définition assez générale de l’antonomase en 1978 : « Figure de rhétorique, trope qui consiste à mettre un nom commun ou une périphrase à la place d’un nom propre ou un nom propre à la place d’un nom commun. » La nymphe qui a conseillé  Numa Pompilius, second roi de Rome, succédant à Romulus, est Égérie. L’origine du nom est à mi-chemin entre mythe et histoire.

Aux sources de cette expression : une nymphe légendaire

 

Égérie (en latin Egeria) était une divinité des eaux, à laquelle les Romains rendaient un culte au bois des Camènes. Les Camènes étaient des nymphes d’une source située dans un bois sacré de Rome au pied de la colline du Caelius près de la

porte Capène au sud de la ville. Égérie avait un rôle très important pour les romains puisqu’elle était considérée comme la déesse des femmes mais également de la fertilité et de l’eau. Elle était la nymphe des sources. Associée au  culte de  Diane de Némi, déesse de l'enfantement,  dans le bois d'Aricie, Égérie était également invoquée par les femmes enceintes. Il est possible qu’Égérie soit un surnom de Junon qui présidait aux naissances. Tout cela est très représentatif de l’attachement typiquement romain aux divinités naturelles. 

Numa et la nymphe Égérie, Nicolas Poussin,  entre le 1631 et le 1633, musée Condé, Chantilly

(Source : Wikipédia)

Un roi sous emprise 

 

Selon la légende que rapporte Tite-Live, un historien né en 59 avant J.-C., (Histoire de Rome, I, 19 et 21), le roi Numa Pompilius (716- 673 av. J.-C.) se

 

Capture d’écran 2020-07-16 à 22.10.42.

rendait   dans   ces   lieux,  la   nuit,  pour   y   converser  avec  Egérie,  en 

grande partie des institutions religieuses et aussi du calendrier. Cette légende nous a été rapportée par un certain Tite-Live, un historien romain du premier siècle avant J.-C., lui-même, incrédule car il lui est d’autant plus difficile à commenter cette histoire qui remonterait à sept à huit siècles avant lui. Plusieurs auteurs font référence à Numa et Égérie. Tite-Live localise le tête-à-tête du roi et de la nymphe au milieu des bois  dans une  grotte obscure d'où jaillit une  source intarissable.  Le caractère nocturne des rencontres entre Numa et Egérie est mentionné par Valère Maxime, un historien romain du I siècle après J.-C. Ovide, célèbre poète mythologique, né en 43 avant J.-C.,  conte la fin tragique de l'idylle par la mort de Numa qui plonge Égérie dans un désespoir qui la fait s'enfuir dans la forêt d'Aricie. Ses compagnes nymphes ont tenté vainement de la consoler jusqu'à ce que Diane, prise de compassion pour elle, la métamorphose en fontaine. Selon Ovide, Numa avait scrupuleusement noté les enseignements d’Egérie et a été enterré avec ses documents. Accidentellement, ils furent mis à jour quelque 500 ans plus tard, mais le Sénat les jugea inappropriés pour être divulgués au peuple et ordonna leur destruction.   

Capture d’écran 2020-07-16 à 22.11.18.

compagnie des Camènes. Elle lui inspirait ses lois et l’art de la politique. Ce roi pacifique a été à Rome le fondateur d'une

La nymphe Egeria dictant les lois de Rome à Numa Pompilius, Upiano Checa, 1886, musée national du Prado, Madrid (Source : Wikipédia)

Capture d’écran 2020-07-16 à 22.11.09.

Numa Pompilius et la nymphe Égérie, Felice Giani, 1802-1805, Faenza, palazzo Milzetti (Source : Wikipédia)

D’Ovide à Chanel en passant par Balzac 

 

On comprend depuis, pourquoi Égérie est  une inspiratrice, souvent secrète, des hommes politiques. Ce néologisme a été popularisé par Balzac en référence à des personnages qui en conseillent d'autres. Le mot est aujourd'hui utilisé par les médias et par la publicité pour désigner une femme, en général une actrice ou un mannequin célèbre, choisie par une marque comme emblème publicitaire et médiatique, ambassadrice symbolique, comme Keira Knightley, égérie de Chanel. Cette histoire illustrerait-elle, à sa façon, un vieux proverbe qui dit que derrière chaque grand homme, il y a une femme ?

On n’en a pas forcément conscience, mais on est entouré d’antonomases, qu’elles soient dérivées de marques, de personnes ou de lieux. En voici quelques exemples : 

Caddie, Frigidaire , Post-it , Poubelle, Sandwich , Bordeaux, Camembert, Champagne

Si vous êtes curieux, vous pouvez aller chercher pourquoi ces noms ;)    

Article signé : Anthos

Publié le 20/05/2020 à 17h51 © Esprits Auth'antiques

pngbarn_edited.png
Café noir

© 2025 LCA Taterode - Lycée Albert Camus - Fréjus (créé avec Wix.com)

bottom of page