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Ce bain qui nous fait rêver

  Tout le monde sait que Cléopâtre se faisait des bains au lait d’ânesse : c’est un grand classique des films et autres dessins animés sur le sujet !

> Petit lien pour (re)voir l'adaptation animée qui en a été faite en 1968 dans Astérix et Cléopâtre.

  D’ailleurs, ayant été passionnée assez tôt par Cléopâtre (et tout ce qui concerne la beauté féminine dans l’Antiquité!), j’ai toujours trouvé ça fascinant. Dès que j’ai commencé à créer mes cosmétiques, j’ai voulu fabriquer du lait de bain en poudre pour m’offrir ce luxe et du rêve.

ASTUCE

SIMPLISSIME ET ÉCONOMIQUE

 

  • 1 petite tasse de lait en poudre

  • 1 petite tasse de noix de coco râpée

  • 1 petite tasse de boutons de rose pour la cuisine

  • 3 cuillères à café de bicarbonate de soude

Mélanger tout ça dans un grand saladier à la cuillère en bois pour ne pas altérer les ingrédients.

Répartir dans de petits sachets en lin ou mousseline que vous allez glisser dans l’eau chaude du bain...

...qui va devenir laiteuse et doucement parfumée.

 

C’est très sympa à utiliser, tout comme à offrir !

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> Réjouissons-nous toutefois : sans cette erreur historique, Monica Bellucci n'aurait pas pu se livrer à cette délectable prestation en 2002, dans Astérix et Obélix : mission Cléopâtre.

Quoi qu’il en soit, cette anecdote aura fait couler bien de l’encre et de l’argent ! 

Il suffit de passer par le rayon cosmétique d’un magasin bio pour s’en convaincre ! 

Ce qu'en disent les Romains

  Mais mais mais... en m’intéressant à Cléopâtre, et plus précisément à ses cosmétiques, je me suis aperçue qu’aucun historien n’a mentionné ce fait ! Alors qu’on aurait pu l’ajouter aux nombreux reproches qui ternissaient sa réputation dans ce monde dirigé par les hommes et pour qui une femme de pouvoir était forcément une femme débauchée et dangereuse par sa liberté de penser, son luxe, sa beauté etc. 

Une confusion historique

  En revanche, les historiens romains connaissaient cette pratique mais l’attribuaient à une autre impératrice, romaine, cette fois : la belle et coquette Poppée, femme de Néron !

 

  Dion Cassius, en bon historien romain, critique son luxe dans son Histoire romaine (Livre 62. 28) :

« Cette Sabine vivait dans un luxe tel que les mules qui la conduisaient avaient des harnais d’or, et que chaque jour, on trayait 500 ânesses qui avaient mis bas récemment, afin qu’elle pût se baigner dans leur lait, car elle avait un soin extrême de sa beauté et de l’éclat de sa personne. »

 

  Pline confirme ce fait, mais en tant que naturaliste s’intéressant beaucoup moins au luxe de cette pratique qu’à ses vertus pour la peau :

« On croit que le lait confère une certaine blancheur à la peau des femmes. En tous cas, Poppée, épouse de Domitius Néron emmenait partout avec elle cinq cents ânesses ayant mis bas, et elle plongeait son corps entier dans la baignoire remplie de ce lait, croyant qu’en outre, cela retendrait sa peau. » (Livre X. XCVI. 238). 

  Mais là où le texte de Pline est capital, c’est qu’il affirme que c’est Poppée, impératrice entre 63 et 65, qui en institue la pratique, et non Cléopâtre, reine d’Egypte qui mourut au siècle la précédant : 

 

« On pense effacer les rides du visage et rendre la peau plus douce et blanche avec du lait d’ânesse, et il est connu que certaines femmes s’en font des onctions sur les joues sept fois par jour en respectant bien ce nombre. C’est Poppée, épouse de Néron, qui a institué cet usage, prenant même des bains de lait et se faisant accompagner pour cette raison de troupeaux d’ânesses. » (Histoire naturelle, XXVIII.L.183.)

En poussant les recherches, on s’aperçoit qu’aucun auteur ancien évoquant le bain au lait d’ânesse ne fait la confusion Cléopâtre/Poppée. Et ce n’est pas non plus le cas des modernes ! Ainsi, dans son étude sur Bretonnoyau, le Dr Wiant cite quelques vers de ce médecin, qui écrivait aussi de la poésie au XVIème siècle :

 

« La venaison d’un loup, la tresse [NDLR : traîte] d’une ânesse

Rajeunissent le teinct aussi bien que la gresse,

Comme jadis Popée aux dames enseignait,

Alors que toute nue en ce lait se baignait. »

Et pourtant...

  En 1858, dans une notice destinée à valoriser l’utilisation des bains de petit-lait, un certain Adrien Baraniecki attribue à Cléopâtre et Aspasie (la fameuse compagne de Périclès), sans aucune référence à l’appui, l’utilisation des bains de lait d’ânesse !

  Alors pourquoi cet arrangement avec la vérité ? Ignorance crasse ? Ou plutôt un coup génial de marketing ? L’idée était de convaincre des médecins des bienfaits du bain de lait. Or Cléopâtre et Aspasie étaient des femmes importantes sur un plan politique, savantes, connues pour avoir écrit des livres de cosmétique et de médecine. Poppée, quant à elle, n’ayant aucun apanage de ce genre, a juste disparu de l’histoire.

Article signé : Néfertiti

(Contributrice extérieure, membre de la force, conseillère de Yoda)



Publié le 27/12/2020 © Esprits Auth'antiques

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